Surprise : les jeunes Français très attachés à leur courrier

Les résultats de notre étude menée auprès de 2000 Français

mardi 8 avr. 2025
Lettre d'amour sur un bureau

Les résultats de notre enquête sur la perception des plis postaux révèlent quelques surprises sur le rapport des jeunes générations (18-24 ans) au courrier physique.

Il est régulièrement enterré, donné pour mort, relégué aux vestiges d’une époque que l’on pensait définitivement balayée par le digital. Et pourtant. Le courrier physique résiste encore et toujours. Mieux encore, il semble regagner du terrain auprès des jeunes (18-24 ans), la population qui semble, en théorie, la moins réceptive à son usage. Paradoxe, vraiment ?

Notre récente enquête sur le courrier, menée auprès de 2000 personnes en France, révèle une résilience inattendue du support papier. Alors que les flux de lettres postales ont chuté de 70% en dix ans, l’intérêt et l’attachement des consommateurs à ce support particulier demeurent. Signe d’une quête de tangibilité et d'authenticité face à l’effervescence numérique.

L’essor des notifications, la prolifération des mails et des messages instantanés ont créé une inflation communicationnelle, et 53% des Français se disent d’ailleurs affectés par la fatigue informationnelle liée au numérique. Dans cet océan de sollicitations éphémères, les jeunes générations plébiscitent paradoxalement le courrier papier pour sa valeur sémantique et sa capacité à donner du poids aux échanges. Une facture, un contrat, voire une lettre d’amour prennent une tout autre dimension lorsqu’ils sont couchés sur papier, manipulables, palpables, tangibles.

Une confiance renforcée dans le papier

Loin d’un simple attachement nostalgique, le papier bénéficie d’une image de fiabilité. 32 % des Français citent la sécurité comme l’un de ses atouts majeurs, jugée supérieure aux solutions dématérialisées, plus vulnérables aux cyberattaques et aux pertes de données. 

Son caractère tangible est également mis en avant par 27 % des sondés, pour qui conserver, consulter et gérer des documents sur papier reste plus simple que dans le flot d’informations numériques. Enfin, 24 % mettent en avant la confidentialité qu'il garantit, tandis que 23 % estiment qu’il confère une importance supplémentaire aux messages qu'il véhicule.

Un autre chiffre nous interpelle : 37 % des 18-34 ans préfèrent recevoir leurs factures par courrier. Un taux qui grimpe à 41 % lorsqu’il s’agit de documents médicaux. On est bien loin du stéréotype d’une jeunesse complètement digitalisée, ces chiffres révèlent une exigence de sérieux et de durabilité que le format électronique ne parvient pas toujours à incarner.

Guide les Français et le courrier

Une transmission transgénérationnelle

Si les seniors restent la génération la plus attachée au papier, l’écart avec les jeunes se réduit. Par exemple, 28 % des 18-34 ans préfèrent ainsi recevoir leurs relevés bancaires sous format papier, c’est presque autant que les plus de 55 ans (29 %). Il s’agit là d’un signal fort : le papier conserve une valeur transgénérationnelle, bien au-delà des clivages entre natifs numériques et adeptes du support physique.

Plus surprenant encore, le retour du courrier manuscrit dans les échanges personnels. Les lettres d’amour semblent connaître une résurrection, simple tendance ou signe d’une évolution plus profonde ? En tout cas, en 2024, les 18-34 ans sont 10% à avoir envoyé une lettre d’amour, c'est deux fois plus que le reste de la population. Une preuve que, face à la désinvolture des SMS et l’instantanéité des messageries, l’émotion passe mieux sur du papier. Le temps long, la personnalisation et l’effort qu’implique une lettre confèrent une densité affective que le numérique peine à restituer pleinement. 

Vers un renouveau du papier ?

La persistance du courrier à l’ère du tout-digital ne relève donc pas du simple conservatisme. Il traduit un besoin de repères, de tangibilité et d’authenticité dans un monde où la surabondance de contenus dilue la valeur des messages. Alors que la communication s’accélère, que les contenus deviennent interchangeables et les relations plus volatiles, le papier se réinvente comme un support premium, porteur de sérieux et de considération. D’ailleurs, la raréfaction du courrier est probablement l’une des causes de sa revalorisation et le support semble bien ancré dans les usages et la culture de la population. 

Les marques et institutions auraient tort de l’ignorer. A l’heure où 68 % des consommateurs disent avoir du mal à distinguer les messages importants au sein du flux d’information numérique qui leur parvient, le courrier, par sa rareté et son impact, incarne toujours un levier de communication incontournable. Moins fréquent mais mieux valorisé, il s’inscrit dans une dynamique de qualité plutôt que de volume. Une leçon pour un monde numérique qui peine à donner du poids à ses propres échanges à laquelle les jeunes générations semblent adhérer.